Taram & Le Chaudron Magique — Oh la belle merde !

« Balzi il faut trop que tu vois Taram & le Chaudron Magique ! C’est un mal-aimé Disney. C’est un film sombre et du coup il n’a jamais marché.« 

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OK, n’en dis pas plus, mon âme de justicière cinématographique est dors et déjà en éveil. C’est avec fougue et vigueur que je me lance dans l’aventure Taram et…et c’est de la belle grosse merde, faut bien l’avouer.

Dès le début ça n’a aucun sens. Excusez-moi mais en quoi le fait d’avoir enfourner vivant un gros vilain roi (qui faisait même peur aux dieux) dans un chaudron confère des pouvoirs immenses et maléfiques au dit chaudron ? Non mais d’où ??? Mais s’il n’y avait que ça…

  • Des personnages bien insupportables !

Mise à part la petite cochonne extralucide du nom de Tirelire, je dirais que tous les personnages, mais alors tous sont insupportables. Taram c’est l’enfant caché de Mowgli et Ariel. Capricieux, égoïste, il refuse d’écouter les conseils des grands et se fout tout seul dans la merde pour ensuite s’en plaindre. OH ! Si on te dit de ne pas mettre tes doigts dans la prises c’est qu’il y a une raison petit con ! Bref la figure classique de l’enfant ingrat si tu veux mon avis (et si t’en veux pas je te le donne quand même).

Je passe sur le « mentor » dont j’ai oublié le nom et qui ne sert qu’à justifier la quête de Taram, pour passer directement à Éloïse, une princesse (c’est ce qu’on nous dit en tout cas) qui est aussi une prisonnière du Seigneur des Ténèbres. Outre une voix de crécelle des plus horripilantes (en VF du moins), la jeune fille est douée d’un regard vide (tu sais celui qui te fais dire qu’il y a de l’eau dans son cerveau) et d’un caractère à la fois placide et agaçant. Elle pointe toujours du doigt ce qui ne va pas mais ne propose rien, un peu comme Legolas entre deux coups de flèches, sauf qu’Éloïse ne tire pas à l’arc donc est bien moins utile. Elle aime aussi déclarer l’évidence même comme si elle venait d’avoir une idée brillante histoire de se donner une contenance face au charisme époustouflant de Taram (LOL). Bon, on peut sans doute mettre ça sur le compte de son éducation de « princesse » mais ça n’excuse pas tout.

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Regardez-moi ces belles têtes de vainqueurs !

Comme autre larron dans l’aventure, nous avons Ritournelle qui est un ménestrel avec une harpe qui apparemment casse une corde à chaque fois que son porteur ment. Utilité dans l’histoire ? ZÉRO ! Utilité d’un tel personnage dans la quête du héros ? ZÉRO ! On est donc obligé de subir les comiques de situations lié à un personnage gaffeur et maladroit, trouillard mais gentil sans qu’il ne soit jamais utile à quoi que ce soit ! Chapeau ! Enfin, quand je parle de comique de situation c’est un bien grand terme pour dire que tout se passe au niveau de son cul. Il se fait mordre le cul, accrocher le cul, taper le cul…bref tu vois le tableau *roule des yeux*

Du côté des gentils pour finir (et avant de passer aux méchants) il y a le fameux sidekick, l’animal/créature trooop mignonne et adorable toujours là pour épauler le héros dans sa quête brave et admirable. Celui qui doit te faire rire, et des fois pleurer car il est ton lien le plus puissant avec le héros dont souvent la personnalité est, disons, bâclée. Alors, déjà je salue l’esprit d’initiative de Disney qui est d’avoir introduit ce personnage très tardivement dans l’histoire et qui ne le présente presque jamais sous un bon jour. En effet, Gorki (c’est son nom) est une petite créature légèrement débile, voleuse, gloutonne et surtout très très lâche qui fuit dès que le danger approche. C’est sans doute le seul personnage de l’histoire qui évoluera véritablement, hormis Taram. Il apprendra de ses erreurs et aura une révélation, une prise de conscience quant à sa lâcheté, et dans un moment pas vraiment touchant, décidera qu’il est temps de changer. Malgré cette brève éloge, Gorki est juste chiant ! Le fait qu’il apparaisse et disparaisse et baragouine des dialogues de gamin de 5 ans m’a juste tapé sur le système et ce, en dépit de la voix de Roger Carel (doubleur d’Astérix notamment). Donc dans le lot des gentils il n’y a franchement pas grand chose à se mettre sous la dent. Le héros est une tête à claque, la princesse une chieuse, le sidekick humain inutile et le sidekick animal irritant au possible. Mais alors, et les méchants dans tout ça ?

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Outre le vilain roi dans l’introduction (et dont on ne sait rien finalement) le grand vilain de l’histoire s’appelle tout simplement le Seigneur des Ténèbres. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Comme son nom l’indique SdT est charmant laron, toujours prompt à la blague et apprécie particulièrement la bonne bouffe un connard ! Son plan est simple : utiliser le chaudron pour créer une armée de mort et devenir un dieu parmi les humains. Oui parce qu’il a de l’ambition mais pas jusqu’à vouloir être un dieu parmi les dieux, faut pas déconner non plus ! Alors d’où il vient, qu’est-ce qu’il mange au petit-déjeuner tout ça on n’en sait rien. Il est juste méchant. En réalité, il s’agit du méchant manicchéen de base. D’un aspect mortifère, il est un squelette avec une sorte de houpelande, il parle avec une grosse voix et étrangle son vaillant (incompétent et agaçant) assistant. Il veut faire du mal, pour faire du mal.

Encore une fois, je salue cet élan de la part de Disney qui fut de vouloir proposer une histoire sombre et un méchant terrifiant, mais…c’est trop simpliste. Le Seigneur des Ténèbres n’est qu’une mauvaise métaphore de la mort qui rôde et j’en ai ma claque de ces méchants qui se planquent sans rien faire et ne sont jamais contents du travail de leurs minions. T’es moche, tu fais peur, et bien va taper le héros. Même la belle-mère de Cendrillon est plus efficace et elle fait semblant d’être gentille !

  • Une histoire qui ne tient pas la route.

En regardant Taram & le Chaudron Magique, j’ai eu cette impression permanente que les règles étaient inventées au fur et à mesure. Tout d’abord en ce qui concerne le chaudron (puisque c’est de lui dont il s’agit tout de même). Il sert de « prison » à un être horrible. PUIS on nous dit que l’objet est très puissant alors que son prisonnier ne fut pas connu pour être puissant mais juste maléfique mais soit. PUIS que si quelqu’un active le chaudron le vilain qui est dedans pourrait en sortir, plongeant le monde dans le chaos. PUIS qu’avec on peut réveiller une armée de mort si on y plonge un cadavre. PUIS qu’on peut l’endormir si on y plonge un être vivant. Ça fait beaucoup pour un ustensile de cuisine. Même à Ikea ils n’ont pas ça !

Bref ! En ce qui concerne ce foutu chaudron j’ai eu l’impression que les règles de l’univers de Taram s’adaptaient à l’histoire au lieu que ça soit l’inverse et ça non ! S’il n’y avait eu que ça encore pourquoi pas, ça m’aurait rappeler le torchage de cul que pratique la série Once Upon a Time depuis le début avec ses règles de magie. Je veux dire, on voit bien assez de merdes sans queue ni tête pour en laisser passer une de plus.

Sauf que Taram & le Chaudron Magique tente d’atteindre les sommets du non-sens avec des choix d’animation et de traduction bien particuliers.

huhuhu cette capture écran me fait juste rire (esprit mal placé bonjour !)
huhuhu cette capture écran me fait juste rire (esprit mal placé bonjour !)

En ce qui concerne l’animation, la petit boule lumineuse qui accompagne Éloïse partout lorsqu’on les rencontre disparait purement et simplement sans aucune explication. Ça passerait si elle ne réapparaissait pas lors d’un plan plus tard dans le film pour disparaitre à nouveau – toujours sans explication- ET revenir à la fin pour le happy end comme si elle avait toujours été là. Euuuuh ça ne vous dérange pas de vous foutre de notre gueule à ce point là ??? Faut le dire si ça vous dérange que des gens fasse attention à votre oeuvre, on fermera les yeux la prochaine fois !

Passons maintenant à la traduction. Alors oui, je sais très bien que les créateurs n’y sont pour rien, mais les doublages sont tout de même rigoureusement encadrés et Disney n’est pas du genre à laisser faire n’importe quoi, bien que je commence à mettre en doute cette vérité.

Le paragraphe qui suit concerne donc un point essentiel dans l’art de la traduction et de son reflet dans la société.

L’adorable animal doué de clairvoyance s’avère être un cochon de sexe féminin. Comment je le sais ? Car l’animal possède de longs cils bien fournis, ce qui est la marque caractéristique des femelles dans le monde animal Disney. Donc Tirelire n’est pas un cochon mais une cochonne (vas y glousse mon petit). Alors je ne sais pas si en 1985 prononcer le mot « cochonne » était taboo dans notre bel hexagone, mais quoiqu’il en soit Tirelire est toujours référée en tant que mâle. « Il », « le cochon » etc…mais WHY ? POURQUOI ? PORQUE ?

Ou alors c'est un cochon qui utilise Gemey Maybeline XD
Ou alors c’est un cochon qui utilise Gemey Maybeline XD

Le pendant féminin du cochon c’est la cochonne, le pendant féminin du chat c’est la chatte, et le pendant féminin du chien c’est la chienne. Est-ce qu’en 1985 on avait déjà peur des blagues pipi-caca digne de la cour de maternelle ? Ce genre de « détails » a le don de me faire grincer du cerveau car on est dans le pur déni du genre féminin sous – j’imagine – prétexte que ça ne fait pas « bien », ça sonne « sexuel », ça sonne « sale ». Si les hommes étaient un peu moins occupés à tout ramener à notre flore vaginale, on n’aurait peut-être moins peur de deux pauvres lettres rajoutées en fin de mot !

Et puis tant que j’y suis (ATTENTION SPOILER !!!) on en parle du baiser forcé entre Taram et Éloïse à l’initiative de ce con de Gorki ? Sous prétexte qu’ilest un garçon et qu’elle est une fille, qu’il est le héros et qu’elle est la princesse ne veut pas dire qu’ils doivent s’embrasser ! Ou au moins que ça soit fait avec leur consentement mutuel bordel ! Ces quelques secondes maladroites suivis d’un rire forcé m’ont tout simplement fait sortir de mes gonds.

Et le vague sourire d'Éloïse ne me fera pas changer d'avis !
Et le vague sourire d’Éloïse ne me fera pas changer d’avis !

Déjà qu’on est loin d’avoir une diversité sexuelle dans le cinéma (et c’est pas prêt d’arriver dans un Disney) mais alors forcer une relation hétérosexuelle qui n’a pas lieu d’être JUSTE parce que ça « doit » faire partie du happy end non, non et non ! Certes, le film date de 1985 et les livres dont s’inspire le long métrage ont été écrit dans les 60’s-70’s et en plus ça se passe dans une époque médiéval (ce qui n’était pas vraiment une époque réputée pour être très gay friendly) mais ce n’est pas une raison pour forcer deux gamins à se rouler une galoche de manière si abrupte et non consentante ! MERDE !

  • En conclusion…

Il y a tant de choses qui ne vont pas dans Taram & le Chaudron Magique que l’initiative de vouloir créer un univers sombre, sans vraiment d’humour, ne suffit pas à ce sauver ce 25ème classique Disney. Les raccourcis et les incohérences sont légions, si bien que l’on peut s’extasier devant ce brouillon cinématographique dont le happy end est aussi subit que le gavage des oies.

2/10 (parce que j’ai l’âme généreuse)

4 commentaires

  1. Bon, dans l’ensemble, j’te trouve un peu dure même s’il est difficile de contrer tes arguments, ahah. Quand j’étais enfant, la voix gutturale du grand méchant « Lord of ze Darkness of ze world » avait tendance à me faire flipper mais c’est passé. Maintenant, ça va mieux.
    Et puis, j’aimais bien Gorki moi. Gorki et Tirelire, évidemment. Mais je suis d’accord : Taram & Eloïse auraient surtout mérité une bonne paire de baffes plus tôt dans leur vie.

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